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Le temps qui passe

7 octobre 2008

L'indépendant

Je suis indépendant. La belle affaire. Ne cherchez pas, c'est mon boulot. Eh oui, curieux, hein. Mais il semble que ce soit la seule description de mon travail que je puisse annoncer.

  • « Vous faites quoi comme boulot ? »

  • « Oh, moi, je suis indépendant ! »

Bizarre tout de même de faire référence à ce statut plutôt qu'à mon métier. Oui, car j'ai un fond de compétences techniques... un méiter, quoi...Je fais alors partie des quelques travailleurs qui n'ont pas de métier, mais un statut. Tiens, je ne sais pas s'il y en a d'autres ...

Mais attention, je fais de l'informatique ! Ou là là ! Tiens, c'est marrant c'est très vague. Oui l'informatique, ça reste un truc vachement vague, en fait. Bon, alors moi, je sais fabriquer des logiciels informatiques, et aujourd'hui je passe plus de temps à expliquer comment je travaille plutôt qu'à fabriquer moi-même. Oui oui, en fait je fais de la formation. D'ailleurs, tiens faudrait pas que tout ce petit monde qui s'agite autour de la formation professionnelle me fasse disparaître mon job...

- »Et alors, au fait, c'est pas trop dur d'être indépendant ? »

Ah, ça, c'est LA question. Celle qu'on me pose tous les jours. Ou presque. Enfin, quand je rencontre quelqu'un. Qui ne me connaît pas. Et qui cherche à me connaître.

Ben non, c'est pas trop dur. En fait, moi, ça me va bien. D'abord parce que je ne supporte pas la lourdeur des organisations, je pense, et aussi que mes tendances suicidaires me poussent à vouloir du changement. A tout casser. Régulièrement. Attention, j'aime bien aussi mon petit confort. Mais finalement, tant que j'étais salarié, je n'étais pas bien dans ma peau, toujours agressif et toujours espérant un lendemain meilleur. A partir du moment où je me suis installé à mon compte, finies les migraines du samedi ou du dimanche. Exit, vaporisées... !

Le fait d'être indépendant, ça me va bien. Finalement, toujours instable, jamais sûr du lendemain Parfois pas simple, quand même. Par exemple, quand je rentre en contact avec des salariés. Oui, oui, vous savez ce que c'est, un salarié... La plupart des gens avec lesquels j'ai des contacts prfessionnels, quoi ! Là, je ressens que je ne suis pas comme les autres. Pas les mêmes centres d'intérêts, pas les mêmes objectifs, ni les mêmes causes de stress. Bon, on va en reparler.

Alors, non, c'est pas trop dur d'être indépendant. Mais je ne sais pas ce que je vais gagner ce mois-ci, je ne sais pas quand je vais pouvoir prendre des vacances, je ne sais pas si je vais pouvoir payer mes charges cette année, je ne sais pas...

Mais je suis libre de cherche de nouveaux clients si ceux que j'ai aujourd'hui ne me plaisent pas, je vais me réserver mon mois de février prochain pour passer un mois à Malte afin d'améliorer mon anglais,...

Mais des nouveaux clients, ça se trouvent pas comme ça, mais en février prochain, je ne serais peut-être pas libre...

Et il faut s'investir dans le boulot ET aussi dans les enfants. Oui, car j'ai aussi 2 enfants formidables, dont je m'occupe à moitié du temps. Divorce oblige. Oui, c'est ça aussi l'indépendant. Il a du mal à rester marié. Ou plutôt, on a du mal à rester avec lui...

- « Alors les salariés ? »

Ben, ils sont drôles, eux. Oui, regardez bien. Avec un oeil extérieur, regardez les entreprises fonctionner. C'est curieux, comme les instincts du fauve sont bien présents chez les hommes. Hommes ou femmes, s'entend. Beaucoup de bons principes, en général. Ca commence par l'égalité, l'humanité, ça finit par la sécurité, et l'efficacité. Là, ce sont les bons principes. Chacun va jurer qu'il est la victime la plus totale, face à la bête immonde qui ne cherche qu'à exploiter, à presser jusqu'à la dernière goutte de vitalité... bon, bon que je ne tombe pas dans l'excès. D'après ce que je vois, le système n'est assumé par aucun individu. A croire qu'il s'est construit tout seul ! Bon, et alors, pourquoi pas ? Ben là, c'est là qu'intervient l'étranger !

- « C'est quoi, un étranger ? »

Un étranger, c'est un individu, quasiment anonyme, qui vient prendre (sans foi ni loi !) la place du salarié... oui, vous avez reconnu le prestataire, l'interimaire, l'indépendant !

Alors, là, demi-tour toute ! Foin des principes du travailleur, foin de l'égalité, adieu code du travail, convention collective... S'il a choisi de travailler de la sorte, qu'il assume. Oui, le non-salarié-de-l'entreprise, lui est responsable de son système. Curieux non ? Alors, moi, j'explique ça par l'ostracisme inscrit depuis la nuit des temps, en chacun de nous. Si ça se trouve, c'est plus grave...

Voyons, voyons, comment ça ostracisme ? Très simplement, comment expliquer qu'on puisse mettre plus de prestataires que de salariés internes dans une pièce ? Ils sont plus petits ? Pourquoi n'ont-ils pas de bureaux de même taille ? Pas de restauration d'entreprise ? Et j'en passe et des meilleures...

Le fait d'être indépendant me fait rentrer immédiatement dans cette case « prestataire ». Je vois, j'entends, je ressens. Ostracisme, inégalité,... Mais c'est vrai, comme je veux croire à mon indépendance, tout cela n'est pas important. Car demain, je ne serai plus là, là, là. Un peu amer quand même devant cette débauche de discours et de moyens pour améliorer les conditions de travail des personnes qui ont déjà tout. Oubliés les esclaves des temps modernes. Intéressant, les efforts en direction des personnes issues des milieu défavorisés, mais où sont les mesures en faveur des travailleurs qui triment actuellement.

  • « On n'a pas besoin de ces prestataires, ils coûtent cher ! »

Erreur, mon cher Watson. Ces prestataires coûtent infiniment moins cher à moyen terme qu'un salarié. Ils ne rentrent pas dans les mêmes budgets, pas besoin de faire des frais annexes pour ceux-là, pas de cantines, de CE,... et on peut s'en défaire quand on veut ! Super !

Je ne connais aucune grande entreprise qui ait un service informatique composé uniquement de salariés internes. Impossible. D'ailleurs, d'une façon générale, pour que les salariés internes puissent travailler confortablement, il est impossible que les entreprises ne délèguent pas la partie la moins gratifiantedu travail à des petites mains.

Mieux, même, je pense que la plupart des gens à qui on explique qu'ils vont avoir à gérer des petites mains en sort grandi. Faire travailler des esclaves, c'est quand même la preuve qu'on est au-dessus de la moyenne !

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